Le Duc Dagmar Algothir est mort !

« La nuit était tombée bien avant qu'on ait pu apercevoir la bête. Mais on l'entendait, on la sentait, oui, elle était là. C'était certain. Était-ce nous qui la traquions ? Ou bien elle qui nous poursuivait depuis ses profondeurs ? Elle nous narguait. Elle n'était pas comme les autres baleines. Elle semblait intelligente... Nous ne pensions pas poursuivre notre traque de nuit. Nous comptions abandonner l'expédition, quand la houle se leva avec une force puisée des abysses, pour nous pousser contre les parois de la crique de Kar'kanza. Nous étions pris au piège. Des vagues scélérates se déclaraient partout autour de nous, mais elles se soulevaient sans aucune logique, depuis toute les directions. Le Duc... Dagmar, il prit les choses en main, il navigua contre vent et marée, affrontant la mer déchaînée pour nous éviter une mort certaine. Nous quittions les remparts de la criques, quand... Je ne peux même pas dire ce que nous avons entendu. Était-ce le bruit du vent qui rugissait ? Celui des vagues qui fracassaient nos coques ? Une écume surnaturelle commença à se former à la surface de l'eau. C'était comme si elle s'était mise à bouillir ! Mais nous ne pouvions plus compter sur la lune pour nous éclairer. Elle nous a surpris depuis les ténèbres. Un terrible craquement détonna depuis les ombres. Je... Je me souviens, les cris de nos frères... Leurs hurlements déchiraient la nuit. Mais nous ne pouvions rien faire. Les nuages se dissipèrent soudain, et nous fûmes témoins d'une scène macabre impossible : le drakkar avait coulé ! Nous avions pourtant quitté les dents de la criques... Mais l'eau virait au rouge et les cadavres de nos frères remontaient à la surface avec les restes du vaisseau. C'est là, juste avant que la lune nous fût ravit, que nous l'aperçûmes. Cette ombre titanesque... Ce n'était pas une baleine. Ça ne ressemblait à rien de connu. C'était l'avatar de la mort, le spectre du Roi des abysses. Les ténèbres engloutirent de nouveau l'horizon. Puis un nouveau craquement pourfendit nos cœurs. Et la voix forte de Dagmar qui appelait au courage, qui nous rappelait à nos vœux, avant de s'étouffer dans un étranglement. Une violente secousse renversa ensuite notre drakkar. Puis... Plus rien. Je ne me souviens de rien ! Enfer ! Qu'on me tue pour me ôter ces cris que me hantent ! Que je meurs plutôt que de revivre en rêve le chaos qui emporta notre Duc ! »

L'ultime rivage

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